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Samedi

Ce matin là je me réveille à 7h00. Depuis le début, je suis à l’économie en me mettant au rythme d’une petite fille de 6 ans. Du coup, contrairement aux années précédentes, je suis plutôt en bonne forme. J’émerge donc de la tente au milieu d’un Glastonbury très paisible. Il est vrai que Big Ground et ses environs sont un lieu assez calme comparativement à Pennard Hill sur la colline en face, coincé entre the Park et le Sacred Space. Je profite donc de ces moments pour aller jusqu’aux toilettes (les vraies avec une chasse d’eau qui sont en haut du champ. Au retour je m’offre un café et rejoint les tentes qui sont encore silencieuses. Les garçon se réveillent les uns après les autres, et Kiki est la dernière à émerger vers 9h00.

Traditionnel petit déjeuner à William’s Green, et nous enchaînons par un passage à Kidz Field jusqu’à midi. Après cet intermède dans le chateau rose, et sur le Helter Skelter, nous partons pour l’Arena où nous devons rejoindre Bigou pour le concert de Nitin Sawhney. Le concert se déroule sous la pluie, et ne nous emballe pas plus que ça. Nous n’attendons donc pas la fin, après une demi heure de concert seulement, nous nous rendons au fameux bateau pirate de Green Kids. Là le Soleil reparaît! Kiki retrouve Emer la fille pirate. Là Bigou nous rejoint, puis un peu plus tard ce sont Hub et Fred qui arrivent. Nous prenons le déjeuner tous ensemble à GreenPeace sur un stand de produits agricole locaux. Je commande une assiette pommes et fromages qui en plus d’être excellente est bien nourrissante. Nous nous la partageons avec Kiki, et elle nous suffit largement pour nous recharger les batteries. Après ce repas, l’équipe, toujours au complet, traverse le tunnel sous la Old Railway Track pour entrer dans Green Futures, direction la Small World stage. Là à 14h30, nous assistons au concert du Formidable Vegetable Sound System, avec Mal Web que nous avions déjà vu mercredi à la Mandala stage, et aussi croisé dans the Park.

Lorsque le concert se termine nous partons tous dans des directions différentes prévoyant toutefois de nous retrouver devant la pyramide pour le concert de Robert Plant deux heures plus tard.

Pendant ce temps là, nous partons à la recherche d’un cadeau pour Béa… Kiki souhaite offrir un bijou à sa maman, et elle a même une idée plus précise; elle veut lui offrir un bijou en forme de fleur. Nous partons dans l’allée qui va de GreenPeace à Avalon où l’on trouve le plus de commerces d’artisanat. Là il y a pas mal de bijoux. Kiki fixe son choix sur une paire de boucles d’oreilles en argent en forme de roses. En même temps, nous faisons l’emplette d’un hula-hop de voyage qu’avait commandé béa. Je propose à Kiki de lui offrir un diabolo, mais elle refuse… Dommage! Nous ramenons nos achats à la tente, et nous équipons en prévision de la soirée. Lors que nous arrivons à la tente, en bas sur la pyramide Lana del Rey termine son concert sous un ciel qui se fait de plus en plus menaçant. Nous nous préparons donc à la pluie, avant de descendre dans l’Arena. Kiki aurait aimé voir Lana del Rey davantage, malheureusement (pour elle), nous n’avons droit qu’au deux dernières chansons du concert, et encore ne la voyons que sur grand écran.

Nous avions convenu avec les gars de nous retrouver à l’arbre qui se trouve en haut du champ, et où ils ont parfois leurs habitude. Cette position donne un point de vue lointain sur la pyramide, mais de là on entend correctement et on peut compenser la vision lointaine par les écrans géants. Nous arrivons à l’arbre au moment où Lana del Rey termine son concert, et peu après il commence à pleuvoir. Les garçons ne sont pas encore là. Et alors que je suis en train de boucler l’imperméable de Kiki j’envisage de nous mettre à l’abri  du feuillage de l’arbre. En fait, je me dis que de là nous ne verrons rien, et ne serons pas plus à l’abri, à être trempés, pour le concert de Robert Plant, autant tenter d’aller devant la scène. J’envoie un SMS aux gars leur disant qu’on tente d’aller en première ligne. Puis nous descendons le champ sans trop savoir s’il sera facile voire gérable avec une petite fille de 6 ans de partir au tas comme ça pour un tel concert. Ce n’est pas la tête d’affiche, mais un ancien de Led Zep peut attirer du monde. En fait, je compte un peu sur la pluie pour avoir dissuadé quelques téméraires… Notons que la zone se trouvant devant de la Pyramide, je veux dire la partie située entre la scène et la grosse construction où se trouve la régie technique,  est scindée en deux par une barrière en arc de cercle. Il est évident que ce dispositif évite tout mouvement de foule longitudinal, ceux de derrière pouvant être tentés d’avancer vers l’avant écraseraient les personnes installées au premier rang. Pour aller au plus près de la scène, il faut donc contourner cette barrière, ce que nous faisons par la gauche. Le goulot d’étranglement se trouve là, au moment où nous y arrivons nous croisons essentiellement des gens quittant les lieux après le concert de Lana del Rey, ou chassés par la pluie qui semble vouloir s’intensifier. Finalement nous accédons sans difficulté à cette partie de l’Arena, aux premières loges… Mon idée est alors de m’installer le long de la fameuse barrière. Si je veux, je pourrai prendre Kiki sur les épaules sans avoir personne derrière moi, enfin à part les quelques dizaines de milliers qui se trouvent 10 mètres plus loin, de l’autre côté de la barrière. Là aussi, je serai à l’abri de tout mouvement de foule. Mais le fait est que le public n’est pas tassé ici, et que je n’ai donc aucune crainte. Nous nous installons à proximité de deux dames, la soixantaine environ, qui sont installées sur leurs chaises et à l’abri d’un parapluie. Comme la pluie s’intensifie, elles invitent Kiki à s’abriter.

Le concert commence, je propose à Kiki de se mettre debout sur la chaise, mais elle refuse. Il est vrai que la pluie glace les corps, et Kiki se blottit tout contre une des mamie rock’n roll qui lui a offert ses genoux. En fait, Suzan et Carol (c’est leurs prénoms) vont prendre en charge Kiki pendant tout le concert, qui va pour ma fille commencer par un brin de sieste, puis des jeux, des danses et des câlins sous le parapluie. Elles m’expliquent, qu’elles sont ravies de faire ça pour moi, qu’elles sont grand mères toutes les deux (par ailleurs elles sont sœurs), et qu’elles savent ce que c’est… etc… En fait, je vois bien que les filles sont tombées sous le charme les unes des autres. Si tout le monde est content! Je ne peux pas m’empêcher de penser que ces deux femmes, qui sans avoir un look complètement décalé, donnent tout de même l’impression de ne pas être là par hasard, de là à en conclure que Robert Plant, elles l’auraient déjà vu quelques fois avec Led Zeppelin, ne me parait pas inconcevable. J’aurais dû poser la question. Mais, je suis tout à mon concert, et les filles toutes à leurs jeux. Au milieu du concert le soleil revient, nous avons même droit à un arc en ciel. Nous avons droit à un bon paquet de morceaux de Led Zep, et je suis très heureux de m’apercevoir que lorsque la pluie s’arrête, Carol prend Kiki sur ses épaules, et elles dansent et chantent pendant Whole Lotta Love, et Rock and Roll aux premières loges à deux pas de Robert Plant. Là, ma fille, on y est! Tu ne le sais pas encore, mais j’espère que dans 20 ou 30 ans tu seras fière de dire que tu as vu ça! Le concert, se termine, et nous nous quittons non sans quelques effusions. Suzan offre un petit cadeau à Kiki, une barrette décorée d’une rose. Les deux grand mères sont visiblement soucieuses de laisser un souvenir à ma fille. Je suis certain qu’elle gardera ces souvenirs longtemps, au moment où j’écris ces mots (2 mois plus tard), elle se rappelle encore du prénom de ses amies d’un instant.

J’ai prévu d’aller ensuite au concert de Goldfrapp à 20h30 à West Holts. Je pense que Kiki peut aimer… Nous avons une heure et demi pour manger, nous prenons le temps. Nous allons au Goan Fish Curry, où je commande un thali végétarien, et un plat de riz pour Kiki. Elle qui adore ça d’habitude n’est pas tentée par le poisson. Le serveur me donne gratuitement la part de Riz de Kiki, c’est très gentil! Nous mangeons tranquillement attablés au West Holts bar, et restons assis en attendant que le concert commence pour garder quelques forces. Peu avant 20h30, nous avançons un peu dans la foule. J’installe la chaise sur laquelle Kiki se met debout… le concert commence.

Je constate d’une part que ma fille tend la tête, et se tord le cou pour entrevoir la scène entre les têtes des spectateurs, dont l’un d’entre eux devant nous est particulièrement grand. Mais je m’aperçois d’autre part, que le public n’est pas tassé et très calme. Je dis à Kiki de descendre de la chaise, et qu nous allons avancer. Pendant le trajet elle râle un peu, car du haut de son mètre dix, dans la foule elle ne voit rien, et se plaint de ne plus assister au spectacle. Mais, nous avançons pas mal, et finalement nous nous approchons à moins de vingt mètres de la scène. Là, la musique est très forte, et je demande donc à Kiki de porter ses protections. En même temps qu’elle s’équipe, je lui dis qu’elle va avoir une bonne surprise. Je déploie le fauteuil, elle grimpe dessus, et en effet elle est ravie de voir Alison Goldfrapp si près.

En ce qui me concerne je suis un peu déçu, en m’apercevant que Will Gregory n’est pas sur scène, mais c’est tout de même un très bon concert. Quand il se termine, Kiki et moi sommes tous deux ravis. Je voudrais rester pour voir Bryan Ferry, mais je sais que Kiki ne tiendra pas deux concerts d’affilée, et qu’en plus ça ne lui plaira pas. J’hésite un peu… rester quelques chansons peut-être… Finalement, je décide de quitter West-Holts, le cœur un peu serré de louper cette occasion qui ne se reproduira probablement plus jamais.

Nous partons dans Bella’s Field, juste derrière, et nous n’avons pas marché plus de cinq minutes que nous arrivons devant le spectacle le plus hors-norme qu’il m’ait été donné de voir à Glastonbury en trois ans. Il s’agit du spectacle Grime de la compagnie Ramshacklicious. Kiki, s’arrête devant ce spectacle visiblement d’avant-garde. Prenant conscience de la chose, je lui propose de passer notre chemin, et d’aller voir autre chose. J’ai beau insister, elle ne veut pas bouger. L’avantage pour elle, c’est que c’est uniquement visuel et sans paroles, du coup ça fonctionne très bien. Sauf que… à un moment l’un des personnages de met à tuer tout le monde. Ca vire au Grand-Guignol, il y a du sang, de la viande et de la tripaille. Mais c’est déjà trop tard! Il faut dire qu’il n’y a pas un petit cercle blanc avec l’inscription -10 en bas à droite comme à la télé. Par chance, il y a aussi beaucoup de distance dans le spectacle, et à la fin les morts se relèvent et partent en courant dans les champs environnants.

A la fin du spectacle, nous traversons Bella’s Bridge, là se trouve le Musée du Cirque des Insectes (en français dans le texte). C’est une roulotte dans laquelle ont peut voir des dioramas animés, présentant diverses scènes de cirque, de dompteurs ou de charmeurs d’insectes. C’est surréaliste, mais très esthétique.

Alors que nous sommes en train de visiter le musée, nous sympathisons avec un couple et leur fille. Les parents sont professeur de Yoga au festival dans healing field. Ils expliquent que c’est une de leur passion, qu’ils pratiquent assidûment toute l’année, et que l’opportunité de venir à Glasto pour donner 2h00 de cours par jours est un aubaine. Kiki sympathise, avec leur petite fille, popie. Mais la communication est un peu complexe. Nous avançons ensemble jusqu’à l’entrée de Glebeland. Là nos chemins se séparent. Kiki a faim… Nous montons dans Glebeland où se tiennent bon nombre de stands de restauration. Mais rien ne nous convient ni à l’un ni à l’autre. Je propose alors d’aller vers la tente, tant pis si nous ne trouvons rien à manger. Nous prenons le chemin qui passe entre Kidz Field et l’Acoustic stage pour déboucher sur l’allée qui se trouve en bas de Cockmill Meadow. Là il y a aussi quelques stands, et justement, il y en a un ou l’on voit plein de frittes. Nous en prenons une barquette, c’est exactement ce qu’il nous faut.

Nous marchons doucement sur le chemin qui nous conduit à Big Ground en picorant nos frittes l’une après l’autre. Lorsque nous débouchons sur Big Ground, nous découvrons l’Arena et la Pyramide où Metallica termine son concert. J’avais oublié Metallica! Faut dire que c’est pas vraiment mon truc. Mais, je sais que c’est dans ce qui se fait de mieux en métal de nos jours. Alors j’explique à ma fille, de qui il s’agit, et je lui propose de rester là, sur l’allée qui descend vers l’Arena, entre la caravane du camp-crew et la consigne de Big Ground.

Nous mangeons nos frittes en regardant Metallica jouer à peu près tout ce que je connais d’eux: Nothing Else Matter, Enter Sandman, et après un rappel Whiskey in the Jar (que je ne connaissais pas), et Seek & Destroy lors de laquelle nous assistons à un lâcher de ballons noirs très spectaculaire d’où nous sommes.

Je me rends compte que nous avons assisté à presque une demi-heure de ce concert (presque aussi longtemps qu’il avait fallu aux Rolling Stones pour me lasser un an plus tôt), que je ne me suis pas ennuyé, et à ma plus grande surprise, Kiki est enthousiaste. En écrivant ce qui précède, je suis presque surpris de la conclusion qui s’impose à moi. C’est tout l’intérêt d’un festival en général, sauf qu’on a rarement la possibilité de comparer les Stones et Metallica même d’une année sur l’autre.

Alors que la Pyramide s’est tue, et commence à s’éteindre, l’Arena se vide, et nous, nous enjambons les fils de tentes pour rejoindre la notre et un peu plus tard nous endormir avant la dernière journée de festival.

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