Pour la journée de dimanche je n’ai que deux impératifs: Zulu Winter sur l’Other stage à 11h00, et Of Monsters and Men même scène à 17h30. Tout le reste est en option, c’est dire si j’ai la possibilité de flâner Cependant, le premier concert à 11h15 m’impose de speeder au réveil. Café vite pris, Hub m’accompagne à Williams Green où nous complétons notre petit déjeuner par une paire de doughnuts. Je file au concert, Hub lui prend son temps… En fait le programme est erroné, le concert a débuté à 11h00, j’en ai donc manqué un quart d’heure lorsque j’arrive.
Je regrette ce retard, car ils ont déjà joué « The Key To My Heart » que j’aime beaucoup. Par ailleurs, le peu de monde présent rend le concert un peu terne. Dommage pour ce groupe pourtant très valable, mais très jeune (créé en 2011), probablement doivent ils se faire connaitre et construire leur histoire.
Le concert se termine à 11h40, à midi Michael Eavis doit se rendre au Speakers Forum, comme cela avait été le cas en 2011. Je décide donc de m’y rendre pour voir « en vrai » le patron de Glasto, celui qui a eu cette idée géniale de créer ce festival. En fait je ne sais pas bien à quoi m’attendre, c’est en arrivant sur place, que je comprends que ce petit rendez-vous typiquement dans l’esprit de Glastonbury a lieu chaque année, ici au cœur de Green Fields.
C’est d’une séance de questions réponses dont ils s’agit, et il semble que certains habitués du festival, sont habitués aussi à cet exercice auquel Michael Eavis se plie en retour avec plein de bonne grâce. On sent qu’on revient aux fondements même de ce que ce festival était dans ses premières années. Dans le public on identifie un certain nombre de travellers, et nombre d’autre arborent un look post-hippie assumé, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Les questions se succèdent, et portent sur des sujets pratiques, emplacement des points d’eau, la peinture des poubelles, comment garantir plus de tickets aux « vrais » festivaliers par oppositions aux gamins qui ne décollent pas de la Pyramide. C’est presque naïf par moment, et pourtant Eavis répond normalement, mais non sans humour.
– « Peindre les poubelles ça ne vous plait pas, étrange… moi j’aime bien… Qui n’aime pas? »
Quelques mains se lèvent. Michael Eavis statue.
– « Six ont levé la main, tous les autres sont pour. Je pense qu’on peut passer au sujet suivant », dit il en s’amusant.
A un moment donné une question pertinente est posée:
– « Michael, n’envisagez-vous pas la retraite? »
– « Non! Pourquoi m’arrêter tant que je m’amuse? »
C’est dit Glasto continue avec Michael Eavis, et il y aura donc une édition 2014. Dans la foulée, comme toujours, il nous annonce que les têtes d’affiche pour 2014 sont déjà choisies. Bon… la bonne chose dans tout ça c’est la certitude d’avoir une édition 2014.
Je quitte le Sepakers Forume et fait un tour dans Green Fields, Permaculture, Green Craft, au lieu comme prévu de redescendre vers West Holts envisageant pour aller y voir Matthew E White, je décide de flâner dans le festival et de privilégier les animations.
C’est ainsi que vers 14h00 j’arrive dans Bella’s Field où j’assiste à une série de spectacles. Le dernier spectacle du jonggleur Bill Ferguson avant sa retraite, à l’Outside Circus, Un peu d’accrobatie avec les Black Eagles au Circus Big Top. Un spectacle où Kay The Fool a transformé son auditoire en troupeau de moutons qu’il a emmené paitre dans les allées du festival. Deux hommes pilotant une étrange machine à eau. Je vois aussi une réplique du Tor en cartons s’élever au centre de Circus Field.
Vers 16h00 je me rends à l’Other Stage où je dois retrouver Hub pour le concert de P.I.L, finalement une fois sur place ce dernier m’indique qu’il a changé ses plans, il a choisi de rester avec Fred pour Vampire Weekend à la Pyramide, puis ce sera Smashing Pumpkins à l’Other Stage, Bobby Womack à West Holts, et pour finir The XX à l’Other stage. C’est un programme trop ambitieux pour moi… Je vais donc rester de 16h00 à 18h30 à l’Other stage pour y enchainer P.I.L et Of Monsters and Men.
Je suis curieux de voir Public Image Limited sur scène, et plus particulièrement l’ex Sex Pistols Johnny Rotten. Je suis très surpris de voir Rotten un peu gros, habillé avec un poncho bien plus hippie que punk, et surtout je suis surpris de voir que le gars a de la voix. En résumé, un concert sympa, et une autre légende du rock est désormais listée dans mon Hall of Fame.
Ensuite viennent Of Monster and Men, dont j’aime bien quelques morceaux, et que je suis curieux de voir sur scène. Le public est très compact, et je ne peux pas m’approcher aussi près que je l’aurais souhaité. C’est donc d’un peu loin que j’assiste au concert. La musique est sympa, mais je trouve le groupe un peu mou, ou bien c’est moi qui suis fatigué… En définitive je suis un peu déçu par ces islandais dont j’attendais mieux.
A 18h30, une fois le concert précédent terminé, je repars vers Bella’s Field où je compte terminer la journée avant le dernier concert que j’ai prévu: System 7 à la Spirit of 71 stage qui doit débuter peu avant 22h00. J’assiste à nouveau à quelques spectacles dans les allées. Je monte jusqu’à l’Acoustic stage où je bois un verre pendant le concert de Jack Savoretti. Ca ne me parle pas, je quitte la tente et pars vers le camping familial Cockmill Meadow qui se trouve à côté. Je veux aller rencontrer les stewards du camping pour leur poser quelques questions. Ils m’accueillent gentiment, et je leur explique que je viens de France, que j’ai pour projet de venir si ce n’est la prochaine fois, peut-être l’année suivante avec ma fille. Je leur demande à quelle vitesse se remplit le camping, et s’il est difficile d’y obtenir une place. Elles me confirment que le camping se remplit très vite, et qu’il faut être là le mercredi matin. Elles me suggèrent éventuellement d’arriver avec deux jours d’avance et de passer une nuit en bed and breakfast avant de faire la queue toute la nuit du mardi au mercredi. En gros pas d’échapatoire la queue toute la nuit est obligatoire. Avec des enfants c’est tout de même problématique. Quoi que…
En partant je passe devant les toilettes pour enfant du camping. Marrant!
Je m’éloigne de Cockmill Meadow, et un peu plus loin, en haut de Big Ground je découvre le Saint Graal de Glastonbury (le Graal ici, c’est de circonstance). Des vraies toilettes pour les grands, et dans un état acceptable.
Les toilettes, c’est la plaie, voire le problème de Glastonbury, et encore je suis un homme, j’imagine que pour les femmes c’est encore plus problématique que cela ne l’est pour moi. Ces toilettes sont donc un endroit précieux du festival. Il y en a environ une vingtaine au sommet de Big Ground, tout près de la Worthy Farm… Je continue ma promenade autour de la ferme et en profite pour une petite collation avant d’attaquer la dernière soirée de festival. Vers 21h30 je redescend vers The Glade, je passe brièvement sous la tente de Leftfield où un artiste joue entouré d’adolescents… C’est ce que j’aime dans ce festival gigantesque, il permet à beaucoup d’artistes de se produire sur scène, certains loin d’être confirmés. Par exemple, en 2007, peu de gens sous la Guardian tent ne prêtait attention à cette jeune artiste:
Vous l’avez reconnue? Michael Eavis voudrait mordicus la refaire venir sur la Pyramide, on dit même que c’est elle qui a fini par convaincre Mick Jagger d’accepter de venir à Glasto… Vous n’avez pas trouvé? Un indice:
A 21h50 le concert de System 7 commence. Je suis très heureux de voir Steve Hillage et sa femme Miquette Giraudy, jouer ici. Aussi étrange que cela puisse paraître aux spécialistes Steve Hillage n’était pas de la Glastonbury Fayre de 1971, car il n’avait pas rejoint le groupe Gong à l’époque, mais Miquette Giraudy y était elle. Steve Hillage, lui, a participé au Glasto de 1979 (il n’y en a pas eu entre 1971 et 1979). Par ailleurs, tous deux ont été présents à presque toutes les éditions du festival. Steve Hillage est celui qui a convaincu Michael Eavis de créer en 1995 la Dance tent, destinée à la musique électro, sujet relativement nouveau à l’époque.
C’est un visionnaire qui a rapidement compris ce que la musique électro allait devenir. Ce qu’il fait avec sa femme dans System 7 en est l’image. Certes ce n’est pas nécessairement le meilleur groupe du genre, leur trance est cependant sympa, et je crois que nombre d’artistes leur doivent un énorme respect. Rien que pour cela, cela vaut le coup d’être là.
A la fin du concert, fatigué de la journée, mais aussi de la semaine, je m’assois un peu à côté de la Spirit of ’71 stage, et profite du lieu dans la nuit. La déco est superbe, et adroitement mise en valeur par les lumières.
Je profite de mon restant de batterie pour envoyer un SMS à Fred et Hub, je leur donne rendez-vous à minuit à l’Avalon inn. En attendant je monte vers Green Fields profiter une fois de plus de ces endroit génial. Je me rends compte qu’à la nuit tombée, ce lieu qui ne dispose que d’énergie solaire pour produire son électricité est quasiment sans lumière. C’est à peine si quelques décorations sont agrémentées de guilandes basse consommation, et quelques tentes sont éclairées par des lampions ou des bougies. Je vais à Small World où un groupe donne un concert acoustique. Je m’assois sous la tente par terre pour boire un verre en écoutant la musique. Le groupe joue une musique jazzy mais énergique, c’est festif, c’est cool, c’est Glasto… probablement la meilleure ambiance qui soit pour clore le festival.
A minuit je rejoint les gars à l’Avalon inn, nous prenons une bière et partons une dernière fois dans la zone Sud-Est qui est bondée. Nous faisons un tour sans trop nous attarder, mais découvrons comme à chaque fois des choses nouvelles.
Il est tout de même pas loin de 2h00 du matin lorsque nous quittons la zone. Nous rentrons à la tente. Je pense que demain, il faudra faire tout ce qui est désagréable. Faire les sacs, plier la tente, retourner au parking, et surtout faire tout le trajet de retour avant de reprendre le travail le lendemain. Glasto 2013 est terminé.