Il est 2h00 du matin quand je m’éveille. Nous sommes toujours dans la queue près de la porte B. Je suis assis sur mon fauteuil, dans une position inconfortable, j’ai froid, et je sens mon pantalon couvert d’humidité. Il ne pleut pas, mais on pourrait presque palper l’humidité dans l’air. J’allume une cigarette, grignote un petit truc, et surtout je me mets debout pour me réchauffer un peu. Le temps est long, alors je m’occupe, je vais aux toilettes, je marche pour mesurer la queue qui ne s’est presque pas alongée depuis que nous sommes arrivés. Et vers 3h00 du matin ce que nous craignions finit par arriver, une fine petite bruine sournoise commence à apparaitre. Je comprends alors que l’humidité de mon pantalon a probablement été la conséquence d’un tel épisode survenu précédemment, pendant mon court sommeil. Cela ressemble à un inoffensif brouillard de brumisateur, mais en quelques minutes les vêtements sont bel et bien mouillés. Le pire c’est que cet épisode de pluie légère ne semble pas vouloir s’interrompre. Nous consultons à nouveau les prévisions météorologiques, et comme d’habitude autant de sites météo, autant de prévisions. Impossible de savoir comment vont évoluer les choses. Cependant, en observant le ciel, je suis très pessimiste, je ne vois pas bien comment cette perturbation pourrait dégager.
puis la bruine se transforme en pluie fine, des gouttes tombent, et même ces précipitations s’intensifient un peu. Ce n’est pas un déluge, mais cela trempe tout. Je sors alors mon parapluie, celui que j’avais acheté à Salisbury la veille (cf. Lundi après midi). De son côté, Laurent a lui aussi sorti son achat de la veille, son K-Way, mais l’imperméabilité de ce dernier finit par céder à la longue. Car si la pluie n’est pas violente, elle continue de tomber sans discontinuer. Ce sont donc de longues heures d’attente qui s’écoulent, pendant lesquelles nous espérons une improbable interruption de la pluie. Nous restons désormais debout, car les chaises sont désormais trempées. Vers cinq heure une pale lueur apparait sous le ciel couvert, annonçant l’aurore. Puis, il fait jour. Derrière nous, la queue s’est allongée, et nous n’en voyons plus la fin. Vers 6h00, nous voyons arriver quantité de stewards de chez Oxfam, ce qui provoque un mouvement de tassement de la foule. Tout le monde suppose que ce sont les personnes en charge des entrées qu’on a appelé plus tôt en prévision d’une ouverture des portes anticipée. On espère que cela aura lieu à 7h00 au lieu de 8h00. La queue s’anime un peu. Les parents accompagnés d’enfants réveillent ces derniers. Certains boivent un café ou un thé. Puis, peu avant 7h00, tout le monde se prépare… Pourtant à 7h00, rien ne se passe en face de nous et la sécurité bloque toujours le passage. On s’apprête alors à attendre là, sous la pluie que ne veut pas cesser de tomber, encore une heure supplémentaire. A 7h15, alors qu’on n’y croyait plus, un manager de la sécurité commence à donner des ordres. Une barrière est ouverte, puis une deuxième, et la longue queue de festivaliers se met en marche.
En 10 minutes à peine nous arrivons à la porte B. A peine entrés, nous sommes appelés par un vigile qui nous demande d’ouvrir nos sacs. C’est la première fois que ça m’arriveà Glastonbury. Il contrôle tout, et cela prend donc un certain temps d’ouvrir sacs à dos, petits sacs, mais aussi la tente. On évite même le pire lorsque quelques vêtement tombent par terre, juste à côté d’une flaque boueuse. Une fois ce contrôle terminé, nous remballons tout et filons vers les tentes d’admission. Contrôle du billet qui est passé aux UV, et où l’on nous dévisage attentivement. Puis pose du bracelet. Et pour finir le passage du tourniquet où l’on nous donne les programmes, ce qui clôt la procédure d’admission. Nous sortons du champ où est installée la porte B et toutes ses infrastructures pour déboucher sur le terre plein au sommet de Muddy Lane, nous sommes enfin au festival de Glastonbury.
Pas le temps de s’extasier. Tout le monde autour de nous se précipite pour aller s’installer à l’emplacement de son choix. Nous faisons de même. Direction Big Ground, à l’emplacement où nous plantons la tente depuis 2013. C’est le moyen le plus simple pour que Fred et Hub puissent retrouver la tente sans notre aide quand ils arriveront. Il est prévu qu’ils arrivent dans la soirée vers 21h30-22h00, qui sait où nous serons à ce moment là? Nous arrivons dans un Big Ground où quelques tentes sont déjà en cours de montage, mais nous pouvons sans mal nous installer là où nous le souhaitons. Il pleut toujours, et avec la fatigue accumulée, c’est une épreuve. En plus, le montage ne va pas se dérouler sans encombre. Dans un premier temps, nous montons la toile extérieure à l’envers (difficile à expliquer), mais du coup, nous devons retourner l’ensemble. Nous perdons donc un bon quart d’heure à nous mouiller davantage. En plus, pour accomplir l’opération, évidemment, il faut se mettre à genoux où assis dans l’herbe détrempée. Quand finalement nous finissons de tout monter, nous sommes trempés. En faisant le tour de la tente, Laurent observe une dissymétrie, un coin n’est pas courbé comme les 3 autres. Il suggère qu’un des arceaux puisse être abimé. J’appuie légèrement à cet endroit, et en effet, un craquement inquiétant se fait entendre. Alors, que j’espérais qu’enfin nous puissions nous reposer un peu à l’abri, nous sommes au contraire en pleine galère de tente. Un des deux montants principaux risque de lâcher à tout moment. Il ne faut pas oublier que le champ va se remplir dans la journée, et que pendant 5 jours, il va y avoir beaucoup de passage, il suffit d’un seul maladroit qui s’appuie ou tombe sur le montant pour tout casser. Nous ne pouvons pas laisser les choses en l’état.
Nous démontons donc la tente, et récupérons le montant en question. Je sais qu’il y a un magasin de camping à Williams Green non loin, j’espère qu’ils auront de quoi remplacer. En quelques minutes nous sommes sur place, j’explique le problème, et je décris la pièce qu’il nous faut. Pour £1 on me vend un bout de montant qui devrait parait-il faire l’affaire. Nous remontons à la tente pour constater que la pièce qu’on nous a donné est trop longue et trop large. Nous retournons donc au magasin pour en demander une qui soit plus conforme. Le gars nous en donne une à la bonne longueur. Lorsque nous revenons, à nouveau, nous constatons que la pièce métallique qui sert à emboiter les pièces entre elles ne permet pas à notre pièce de rechange d’être montée. Nous jouons de malchance.
Comme il faut bien faire quelque chose, nous prenons une des pièces de rechange fournie avec la tente. Sa section est plus petite que celle la pièce cassée, je crains donc qu’elle ne soit pas assez solide, et elle ne s’encastre pas correctement avec les autres pièces du montant. Pour résoudre ce dernier problème, je déchire le sac en toile Yeo Valley qu’on nous a donné à l’entrée. J’en sors une bande de tissu que j’enroule autour du montant de rechange. Ainsi, il s’encastre fermement avec les autres. Nous remontons la tente, ca semble tenir, tout est finalement en ordre… Pour couronner le tout, maintenant que nous disposons d’un abri, la pluie s’arrête enfin de tomber.
D’abord on s’installe dans la tente. J’en profite pour changer de vêtements, et me mettre au sec. Pour conclure cette série de galères, je constate que mon sac de couchage a pris l’eau est est trempé. Cette matinée aura été calamiteuse, mais ça y est nous en avons terminé.
Je passe à la consigne voisine me débarrasser de mes papiers (passeport, permis de conduire). Puis, je propose à Laurent d’aller prendre un petit déjeuner bien mérité. Nous partons à la recherche d’un petit café du côté de William’s Green. Il n’est que 11h00, et pourtant cette journée déjà longue, nous donne l’impression d’être déjà en plein après midi. Pour finir la matinée nous partons nous promener.
Photo: Laurent