Jeudi matin

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J’ai mal dormi. C’est à cause de la bouteille d’eau qui s’est coincée sous moi pendant la nuit. Big Ground est légérement en pente, et tout roule dans la tente. De sorte qu’en fin de nuit tout s’accumule vers le bas, y compris mon propre corps, et quelques objets plus ou moins gros. Dans mon sommeil, j’ai fini par pousser cette bouteille quelque part dans un coin de la tente. Mais j’ai eu une nuit hachée. Réveillé à 7h00, puis 8h00, je finis par me lever à 9h00. Les autres, eux, dorment encore.

Je met mon téléphone en recharge sur ma batterie d’appoint pendant que je pars pour l’urgence du matin: les toilettes. Je vais aux W-C sèches de l’Arena, qui sont désormais les plus proches de notre campement. En plus, jeudi matin, à cette heure ci,  il n’y a personne dans le coin. Je n’ai donc pas de queue à faire. Ensuite, je pars dans les allées commerçantes du festival à la recherche de Donuts. C’est à Williams Green que je trouve mon bonheur. Je fais l’emplette de 4 donuts et un café, et je remonte à la tente. Au moment même où j’arrive Fred se réveille. Puis Sylvain émerge pendant mon petit déjeuner. Aucun signe de Laurent.

Ce matin, le temps est couvert et très gris. C’est même un peu humide, et je m’attends à voir tomber la pluie. Je prends donc mon imperméable avant de quitter la tente avec Fred. Ce dernier descend, à son tour, trouver un petit déjeuner. Pendant qu’il fait la queue à un food-truck, je vais récupérer le premier numéro du journal de la Glastonbury Free Press édition 2017. Nous restons ensemble, à Williams Green, le temps que Fred ingurgite son petit déjeuner. Puis, nous nous quitton. Lui retourne à la tente, moi je reste au coeur du festival. A Williams Green, je découvre une boutique que je n’avais jamais vue, et pas non plus repéré la veille. Hier J’avais acheté un T-Shirt pour Kiki, mais je dois encore trouver un cadeau pour Béa. Et justement je tombe là, par un complet hasard, sur un bijoutier qui a de très beau modèles en argent. En particulier je repère immédiatement un magnifique lézard, stylisé, qui ressemble un peu à un gecko. Ce reptile argenté qui m’évoque l’île Maurice me plait beaucoup. Je l’achète immédiatement, avant que quelqu’un d’autre ne le prenne. D’autant que je ne trouverai sans doute pas mieux dans toutes les boutiques du festival.

Je pars en direction de Theatre and Circus, pour voir si la zone commence à s’animer. C’est en effet le cas, même si les lieux sont encore assez tranquilles. J’entre dans les locaux de la Glastonbury Free Press voir un peu l’imprimerie. Je découvre que cette année on y sérigraphie des t-shirts très sympas. Puis je pars vers Avalon et sa taverne. Il est déjà 11h55, le moment idéal pour boire une demi pinte de cidre. Je me pose un instant, le temps d’écrire mes notes pour ce journal. L’année dernière je ne l’avais pas fait, et malheureusement nombre de détails ont rapidement disparu de ma mémoire. Comme je retranscrit toujours mes pérégrinations sur le tard (par exemple nous sommes là au mois de décembre, déjà!), sans notes ce serait impossible de continuer. C’est ce qui était arrivé en 2016, et je ne veux pas que cela se reproduise cette année. En plus, il y a toujours un moment où il faut se reposer un instant, et qui est justement propice à noter ce qui s’est passé durant les dernières heures. L’Avalon Inn se à cette heure se prête tout particulièrement à cette activité. Et puis le cidre à Glastonbury y’a rien de tel!

Avalon Inn
Avalon Inn Photo: Andrew Allcock

Après ma séance d’écriture, je pars à travers la zone Green Peace, par le tunnel qui me conduit à Green Futures. A la Mandala Stage doit avoir lieu le désormais traditionnel Jam en hommage à Andrew Kerr et Arabella Churchill. Depuis 2015, la première édition ayant eu lieu après la mort d’Andrew Kerr, Nik Turner, ancien saxophoniste de Hawkwind, vient chaque année jouer sur cette scène, à titre d’hommage. Andrew Kerr a été, avec Michael Eavis, bien sûr, un des fondateurs du festival de Glastonbury. Avec lui s’est déroulé un des épisodes les plus importants de l’histoire du festival: La Glastonbury Fayre. Episode auquel Nik Turner a lui aussi activement participé. Pour aller plus loin, je vous suggère de lire mes pages Histoire du festival de Glastonbury, et plus particulièrement l’épisode de la Glastonbury Fayre. Je veux donc enfin découvrir ce personnage, dont je ne sais pas encore qu’en réalité je l’ai croisé l’année précédente. Mais, lorsque j’arrive à la Mandala stage, pas de Nik Turner. A la place un amérindien qui parle de son peuple, du quotidien des réserves aux Etats-Unis, mais aussi de la préservation des traditions, de l’environnement, des croyances, etc… En fait, le sujet principal, est celui d’un pipeline actuellement en construction sur les territoires Sioux (certains sacrés), et dont l’impact sur l’environnement aurait été minimisé par le gouvernement. Après avoir longuement parlé, l’homme chante des chants Sioux en s’accompagnant d’une flute. C’est fascinant, et je reste là jusqu’à la fin de son intervention.

Green Futures
Vue panoramique de Green Futures

En attendant que le jam de Nik Turner débute, je vais me promener dans Permaculture, puis je découvre qu’il existe aussi une tente dédiée à la vulgarisation scientifique. Cette dernière est un peu décevante, mais elle a le mérite d’exister. Je pars ensuite vers les Healing Fields. Je me promène dans la zone devant les diverses tentes de massages, divinations, rituels en tous genre. Plus loin dans le champ, un attroupement, attire mon attention. En approchant, je découvre qu’une druidesse est en train de procéder à un mariage. Plus exactement à une cérémonie des mains liées (handfasting), une tradition celtique. Une fois la cérémonie terminée, je retourne vers la Mandala stage, où Nik Turner n’est toujours pas là. A la place, Dominic Berry, un poète, déclame quelques vers. C’est un peu difficiel à suivre en anglais, car il parle très vite, mais ce que j’en comprends est excellent et souvent drôle. A la fin de son spectacle, quelqu’un vient faire une annonce pour indiquer que Nik Turner, en retard, ne devrait plus tarder à arriver. Le public s’esclaffe, sans doute cela fait il un moment que la même annonce est répétée. L’après-midi est bien entamée, et je décide qu’il est donc temps de penser à manger…