Mercredi soir

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En direction de Beat Hotel… nous obliquons vers The Wood.

Avec Laurent nous nous dirigeons dans la lumière du Soleil couchant en direction du Beat Hotel. La baisse de température qui vient avec le début de soirée fait le plus grand bien. Comme toujours, une foule de gens est agglutinée au pied du grand insigne de l’hôtel. Arrivés là, nous décidons de retourner à la tente, mais en prenant les chemins de traverse. Nous choisissons de faire un détour par John Peel, et la forêt voisine qui depuis l’année précédente propose une nouvelle attraction. Il s’agit de The Wood, où des installations visuelles et sonores sont disposées dans le bosquet voisin. Nous nous promenons dans les allées, mais a vrai dire sans enthousiasme. Il y a bien quelques décors sympas, mais rien d’époustouflant non plus. Pas de quoi impressionner un habitué de Glasto comme moi. A vrai dire je pense que ces lieux valent d’être visités plutôt de nuit, comme de nombreux autres endroits dans l’enceinte du festival. Et là il est encore un peu tôt.

Après avoir quitté les lieux, nous nous dirigeons vers Big Ground qui s’est complétement rempli, A la tente nous retrouvons Fred, et Sylvain qui arrive quelques instants après nous. Pour la première fois depuis notre installation environ 12h plus tôt, notre équipe est de nouveau au complet. Avec Fred, nous prévoyons de nous rendre ce soir à Cineramageddon. A 21h30, la zone doit être inaugurée par Michael Eavis, Julien Temple, et Joe Rush, puis suivra la projection du ducumentaire Glastonbury de Julien Temple. C’est le film qui nous avait donné envie, à Hub et moi, de lancer le projet de notre première venue. Nous avons l’idée de découvrir la zone à laquelle nous n’avions pu accéder dans la matinée, sachant que nous n’aurons sans doute pas l’occasion d’y retourner les jours suivants. En particulier, il doit y avoir Johnny Deep le lendemain. Ce dernier présentera son film The Libertine. Mais, d’une part il y aura sans doute beaucoup de monde, et d’autre part il y aura The Orb à the Glade, qu’il est hors de question pour moi de manquer. Donc, Cineramageddon c’est aujourd’hui ou jamais.

Découverte de Cineramageddon où nous découvrons trois importants personnages de l’histoire du festival de Glastonbury.

Carhenge
Deux enfants posant devant Caehenge au festival de Glastonbury 1987. Photo: Anne Giebel

Nous partons avec Fred vers 20h30. Lorsque nous étions à la tente j’avais essayé à plusieurs reprises de téléphoner à la maison, en vain. C’est en chemin que finalement je parviens enfin à avoir acc_s au réseau Au téléphone, j’évoque la journée de canicule que nous venons de passer, et le fait, une fois n’est pas coutume, que c’est la chaleur et non le mauvais temps qui nous a gêné à Glastonbury. J’indique aussi que nous consultons les prévisions météo régulièrement, et qu’il se pourrait bien que nous restions au sec pendant tout le festival. Ce serait inédit pour moi. De son côté, Kiki, ma fille, qui a participé aux éditions 2014 et 2015 me demande si je dors encore sous la tente. Évidemment, je réponds par la positive. Elle me dit qu’elle voudrait bien être avec nous au festival, et qu’en particulier elle aimerait bien être là pour camper avec nous. Notre conversation se termine lorsque nous approchons du cinéma.

Une entrée spectaculaire, surmontée d’une voiture plantée, s’ouvre dans la haie qui sert de façade à notre cinéma. Mais ce n’est pas par là que l’on peut entrer dans la zone. Il faut en fait contourner la rangée d’arbre. Là se trouve un kiosque où l’on peut, contre une caution de £10, récupérer une paire d’écouteurs. En effet, le son est diffusé par radio, sans doute pour éviter les interférences avec les zones Arcadia, et the Park situées non loin. C’est le moyen aussi de contrôler le nombre d’entrants dans la zone. Sur place, nous découvrons le décor spécial concocté par Joe Rush. Les spectateurs prennent place dans divers véhicules customisés dans un style caractéristique des travaux de cet artiste, et de sa compagnie Mutoïd Waste. On trouve une voiture de sport à moitié enterrée dans le sol, une limousine de luxe couverte de gazon, mais aussi des véhicules construits à partir de manèges recyclés, ou des hybrides entre half-track et insectes cyber-punk. Au premier rang ont aussi été posés quelques fauteuils de voiture. Mais lorsque nous arrivons toutes les places sont déjà prises. Nous nous installons dans l’herbe, après un passage au bar installé dans un vieux bus.

Nous sommes arrivés un peu en avance, car, avant le film, l’inauguration de la zone doit avoir lieu en présence de Michael Eavis, Julien Temple, et Joe Rush. J’ai maintes fois eu l’occasion de voir le premier, mais jamais les deux autres. C’est donc un petit évènement à ne pas louper. Joe Rush, comme je l’ai dit plus haut, est le créateur des lieux, mais c’est aussi un collaborateur de longue date du festival. Il fait partie de la légende des lieux. Issu de la communauté travellers, il est en particulier le créateur de Carhenge qui fut une icône de Glasto 1987, une sorte de Stonehenge créé avec des épaves de voitures. Dès lors il a toujours contribué au festival, et en particulier a beaucoup œuvré à l’évolution de la zone Sud-Est. Julien Temple, lui, est un réalisateur dont l’oeuvre a toujours tourné autour de la musique. Il est entre autres l’auteur du célèbre film sur Malcolm McLaren et les Sex Pistols, « La Grande Escroquerie du Rock’n Roll », mais aussi de Absolute Beginners avec Bowie, de très nombreux clips pour les Sex Pistols, les Stones, Blur, Neil Young, Depeche Mode, et même Téléphone.  Mais surtout c’est le réalisateur du film Glastonbury que nous allons voir. Notons que Julien Temple est un des rares témoins à avoir raconté la première prestation de David Bowie, alors inconnu, à l’aube, lors de l’édition 1971 du festival.

Les trois protagonistes de cette inauguration arrivent dans une grande Cadillac bleue conduite par Joe Rush. Et après une courte allocution de chacun d’eux, ils repartent comme ils sont venus. Le film commence… J’aime beaucoup ce film, car il traduit tout à fait l’esprit du festival et son évolution au cours du temps. J’invite quiconque s’intéresse à Glastonbury à le regarder, c’est en particulier vrai si l’on envisage d’y participer. Notez qu’il existe un autre film intitulé Glastonbury The Movie qui est lui aussi très bien fait. Mais l’approche de ce deuxième film est différente, car il retrace la seule édition 93. C’est donc un témoignage des grandes heures du festival, le moment où sans doute il a apporté le plus de créativité, et où son histoire a été la plus riche. Mais ce film témoigne d’un passé qui s’il a contribué ce que Glasto est aujourd’hui, a complétement disparu.

Alors que nous regardons le film, la nuit tombe. La température baisse nettement, et l’humidité gagne, d’autant que nous sommes assis dans l’herbe. On devine que le temps change, et que le ciel se couvre. Il fait presque froid, mais après la journée que nous venons de passer ce n’est pas désagréable. Pendant un moment nous entendons à travers nos écouteurs, les explosions du feu d’artifice qui a lieu de l’autre côté de la colline de Pennard où nous nous trouvons. Puis, le film se termine. Nous rentrons, prenons un petit cornet de frittes du côté de Williams Green. Nous arrivons à la tente à minuit et demi. Là nous retrouvons Laurent et Sylvain qui n’ont pas bougé. Ils ont pu, depuis Big Ground, regarder le feu d’artifice, c’est le seul spectacle qu’ils se sont accordés ce soir.

Rapidement je me mets « au lit », et à 1h00 du matin je dors.

Photo: House of Frankie