On pourrait me soupçonner de vouloir capter un peu du trafic énorme que le terme « coronavirus » produit dans les moteurs de recherche en ce moment. Mais il n’en n’est rien! D’abord parce que ce site n’a pas la prétention de générer des quantités énormes de pages vues, compte tenu du caractère très spécifique du sujet abordé, le festival de Glastonbury n’évoquant pas grand chose dans le public français. Et par ailleurs, je veux aborder très sérieusement le sujet de la pandémie actuelle, et de son impact possible sur le festival, car pour tout dire, cela m’inquiète.
Ceux qui comme moi ont déjà leur place, doivent se poser la question de la tenue ou non de l’édition 2020 de Glastonbury. Et même ceux qui n’ont pas leur place, et envisagent de participer à la revente, doivent se demander ce qu’il va advenir dans les prochaines semaines, et s’il est pertinent de tenter ses chances à la revente. Je vais essayer d’analyser tout ceci ici.
Dans un premier temps, la question qui se pose, est celle de l’évolution de la pandémie dans les diverses régions du Monde. Nous savons tous que le virus est apparu en Chine, plus particulièrement dans la province de Hubei. La première alerte a été émise par l’antenne chinoise de l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO) le 31 décembre 2019. Cette alerte relevait 44 cas de patients atteints d’une forme de pneumonie. Le 22 février 2020, on enregistrait en Italie, 6 cas de contamination locales, c’est à dire 6 personnes contaminées par d’autres italiens. On peut considérer que ces premières contaminations locales marquent le début de la propagation de la pandémie en Europe, et au delà en Amérique du Nord.
On constate que la circulation du virus a été progressive dans les états Européen. Par exemple, les dates de passage à 1000 cas sont les suivantes:
- Italie: 1er mars 2020
- France: 9 mars 2020
- Allemagne: 9 mars 2020
- Espagne: 10 mars 2020
- USA: 13 mars
Au moment où j’écris ces lignes (le 14 mars), le Royaume-Uni, qui nous intéresse tout particulièrement aurait aussi, selon certaines sources, atteint les 1000 cas. Si ce n’est pas exact, c’est une question d’heures.
Il est donc clair que le virus va se propager dans toute l’Europe, et Amérique du Nord. Notons aussi qu’au moment où j’écris ces lignes, le premier ministre français ferme tous les lieux publics « non indispensables », comme cela a été fait en Chine, en Italie, et en Espagne. Nous verrons si ces mesures seront appliquées au Royaume-Uni et aux USA… Mais il parait probable que cela se produise, car les opinions nationales vont sans doute faire pression dans tous les pays touchés, pour que leurs dirigeants prennent des décisions de confinement. Notamment en Grande-Bretagne, la stratégie actuelle du gouvernement, consistant à tenter de produire une réponse immunitaire dans la population, est actuellement remise en cause (cf. Guardian – Coronavirus: teaching union asks PM why schools are not being closed).
Si on veut maintenant faire de la prospective, on peut observer comment les choses ont évolué en Chine, où aujourd’hui les contaminations d’origine étrangères sont devenues supérieures aux contaminations locales. Le nombre de cas supplémentaire en Chine a été hier de 11 cas. On peut donc considérer, en première approximation, que la propagation de l’épidémie est terminée là bas. Mais évidemment, le gouvernement chinois tient à contrôler encore les cas pour éviter une nouvelle propagation. Je ne veux pas entrer dans les maths tout de suite (on les verra un peu plus loin), mais on identifie que le taux de propagation mondial, donc essentiellement chinois, de l’épidémie a eu lieu le 28 janvier. En d’autres termes il a fallu environ 7 semaines entre le pic épidémique et le retour à la normale. Tablons même sur 2 mois complets.
Qu’en est-il de nous en France? La bonne chose c’est que nous avons davantage de chiffre que dans le cas chinois, puisque nous surveillons les cas depuis janvier, bien avant l’arrivée du virus chez nous. J’utilise deux taux: Le taux à 5 jours (car 5 jours c’est semble-t’il la durée moyenne d’apparition des symptômes), et le taux à 14 jours (car c’est la durée à partir de laquelle on considère une personne inoffensive). Ces taux traduisent le nombre de nouveaux cas relativement au nombres de cas déclarés pendant les 5 ou 14 jours précédents. Par exemple: si depuis 14 jours nous avions eu 100 cas nouveaux, nous avons donc 100 malades (les personnes contaminées avant sont guéries), et si surviennent 7 cas nouveaux, nous avons un taux de contamination de 7%. En observant ces taux, que l’on peut considérer comme des vitesses de contamination, le pic a eu lieu pour ces deux taux le 9 mars en France. Nous sommes actuellement à un taux à +14 jours de 26% (le pic était à 59%). S’il faut attendre deux mois pour voir la fin de la propagation ça nous amène au 9 mai.
Au Royaume-Uni, ce taux est actuellement à 44%, en pleine croissance. C’est logique, car on constate un décalage d’environ une semaine dans la programmation du virus chez eux. Donc, fin de l’épidémie mi mai.
Si maintenant, on ne considère plus les taux, mais simplement le nombre de nouveaux cas en 14 jours, ce qu’on peut considérer comme le nombre de malades. Au niveau mondial, un maximum de 54038 malades, avait été atteint le 17 février 2020. Ironiquement on avait atteint ce pic, cinq jours avant la propagation en Italie. Après une baisse jusqu’au 2 mars, ce chiffre est reparti à la hausse. Maintenant nous en sommes à 49106 malades dans le Monde et ce chiffre continue d’être croissant. C’est aussi le cas en France, et au Royaume-Uni. En se basant sur ce chiffre, on voit que la Chine est revenue à la normale entre le 17 février et maintenant, soit 4 semaines après le pic.
En résumé, la pandémie est en pleine propagation en Europe (et en Amérique du Nord). Mais ça je pense que tout le monde l’avait noté. Lorsque nous aurons atteint un pic de malades, si les choses se déroulent comme en Chine, on peut arriver à une situation saine en un mois. Le problème, c’est que nous n’avons pas encore atteint ce pic. Impossible de modéliser sur cette base pour l’instant. Nous devons suivre le nombre de malades, et attendre le pic.
Mais, autre inconnue, comment va se dérouler la sortie de crise? Supposons que mi mai nous amène à la même situation que la Chine actuellement. Les gouvernements vont-ils pour autant permettre aux populations de se déplacer librement? Ma principale crainte est que la vie reprenne au plus tôt dans tous les pays, car les conséquences économiques des blocages sont importantes. Une fois le problème économique réglé par les divers gouvernements, ils laisseront les marchandises circuler dès que possible, mais il est possible qu’ils aient l’idée de maintenir un certain confinement pour éviter aux populations de circuler avec le virus. Ce qui pourrait nous amener jusqu’au moment où devrait se dérouler le festival.
Je pense donc, mais l’examen des jours à venir nous apportera des précisions, que nous pourrions très bien en finir avec cette épidémie en temps et en heure, mais qu’un principe de précaution puisse tout de même remette en cause la tenue du festival. Empêcher les étrangers de circuler, ce n’est pas juste bloquer le public étranger, c’est aussi empêcher une grande quantité d’artistes et de techniciens de se rendre à Glastonbury, en particulier les américains. Ca remet donc en cause une grande partie de la programmation et des animations du festival. Par ailleurs, il n’est pas tenable pour les organisateurs d’attendre le dernier moment pour décider du maintien ou non. Au moins un mois avant l’ouverture il faudra éclaircir la position, ce qui nous amène à fin mai.
Le paiement du solde aura lieu à partir du 1er avril, donc dans un peu plus de deux semaines. D’ici là, nous devrons surveiller attentivement l’évolution de la pandémie. Si nous franchissons le pic, et en particulier si Boris Johnson revoit sa gestion, peut-être aurons nous une chance que tout soit réglé avant fin mai, ce qui éviterait aux Eavis de prendre des mesures que nous ne souhaiterions pas voir prises.
Sources: