Vendredi soir

A la tente je discute un peu avec Bigou que j’avais quitté à Beardyman vers 14h00. Il est entre autre allé voir Wu Tang Clan à la pyramide, et évidemment je sais qu’il était à Big Audio Dynamite où nous nous sommes envoyés des SMS mais manqués. Dans la matinée avec Hubert ils ont convenu de se retrouver pour U2 au bureau d’information qui se trouve à gauche de la pyramide si Bigou décidait d’aller voir ce concert. Mais il me dit qu’il veut voir DJ Shadow à la John Peel Stage en passant par Carl Cox au préalable, moi en revanche j’irai au rendez vous… Nous convenons alors de nous retrouver devant la Spirit of 71 Stage vers minuit pour Tubular Bells.
Après un court repos, nous partons tous les deux vers le Dance Village, et plus précisément la East Dance Stage, où va avoir lieu l’enchainement Carl Cox, Carl Cox vs Fatboy Slim, et Fatboy Slim. Nous arrivons pile au début de Carl Cox.

Je quitte la tente vers 21h45, j’ai 15 minutes pour arriver à la pyramide… Quelle galère! Il a plu presque toute la journée, les chemins sont devenus des rivières de boue, à certains endroit les bottes s’enfoncent de 10 ou 20 centimètres, parfois des personnes restent bloquées les pieds comme cimentés dans la boue. En direction de la pyramide le flux de spectateurs se fait de plus en plus dense, et il est difficile de louvoyer pour avancer rapidement. Finalement, je parviens tout de même à rejoindre l’Arena (le vaste champ qui s’étend devant la pyramide), et je rejoins Hub en temps et en heure.
Nous ne nous sommes pas vus de la journée, nous énonçons donc la liste des concerts que nous avons vu. Mais surtout je demande à Hub s’il était bien au Park quand Radiohead est passé. Hub est un vrai fan de Radiohead.  Il avait été très déçu quand le line-up de Glasto aavait été révélé de voir que son groupe favori n’était pas programmé. Mais, prudent, Hub était allé à the Park pendant le concert de Big Audio Dynamite, il s’était installé tout en haut de la colline dans un hamac. Entendant une conversation qui évoquait la venue de Radiohead, il a foncé aux premières loges, juste devant la scène. La rumeur était juste, un grand moment pour lui très certainement.
Maintenant nous sommes donc là pour voir U2, mais pas certains d’avoir fait le bon choix. Il est clair que le clash de U2 avec Carl Cox + Fatboy Slim, voire avec DJ Shadow est pour nous deux un dilemme. Nous sommes tous deux d’avis de dire que depuis la fin des années 90 U2 n’a pas sorti grand chose d’intéressant. C’est donc un peu à reculons que nous sommes venus à la pyramide.
Pour Hub, la décision est peut-être un peu plus simple, quelques années auparavant, Hub était grand fan de U2 (avant Radiohead), en une seule journée à Glastonbury il peut assister au concerts des deux groupes qu’il a suivi pendant de longues années. Une telle coïncidence ne se reproduira jamais! Pour moi c’est différent, j’ai vu U2 en 1986 j’en ai un excellent souvenir, mais lointain. J’ai envie de revoir U2, mais je suis persuadé d’être déçu. Ce qui me fait prendre le risque: c’est tout de même U2 et c’est leur premier passage à Glasto, je me dis qu’il vont faire LE concert de cette période de leur carrière. Pari risqué, mais la suite me donnera raison.
Avant même que le concert commence, nous hésitons avec Hub de nous avancer trop dans la foule, privilégiant plutôt l’accès aux buvettes voisines. En plus la pluie s’est mise à tomber a fond, moi je suis trempé, mon imperméable ne l’est plus, le réconfort d’une bière serait le bienvenu.
http://www.youtube.com/watch?v=pGM2-zZL-gI
Le concert débute avec « Even better than the real thing » (Achtung Baby), on ira boire un coup plus tard. Ca continue avec « the fly » (Achtung Baby), puis « Mysterious Ways » (Achtung Baby), a ce stade nous pronostiquons une moitié de concert avec des classiques, et qu’après on se tapera les merdes des années 2000. Donc, changement de plan, on reste là tant qu’on est dans le bon, on ira boire pendant les merdes. Ça enchaîne avec du bon « Until the end of the World » (Achtung Baby),  One (Achtung Baby), « putain ils sont en train de nous faire tout l’album »! One c’est le moment romantique du concert, le tempo descend, je regarde la lumière qui monte de la pyramide droit vers le ciel, je profite de ce moment magique pour envoyer un SMS à ma chérie loin à Paris qui regarde la BBC sur le net, « we’re one but we’re not the same ». Le SMS part. Ping SMS reçu! Une seconde après le téléphone s’éteint plus de batteries. Si c’est pas de la magie ça!
Bono nous récite Jerusalem de William Blake qui est no seulement un classique de la littérature Britannique, mais aussi un hymne à Glastonbury. En effet il s’inspire d’un texte apocryphe de St Joseph d’Arimatie qui raconte être venu dans la région de Glastonbury avec son neveu Jésus Christ. Glastonbury y est donc considérée comme la nouvelle Jerusalem dont il est fait référence dans le livre des révélations (3:12 et 21:2). Glastonbury est aussi le lieu où après la passion du Christ, Joseph d’Arimatie est sensé avoir ammené le Graal.

And did those feet in ancient time.
Walk upon England’s mountains green:
And was the holy Lamb of God,
On Englands pleasant pastures seen!
And did the Countenance Divine,
Shine forth upon our clouded hills?
And was Jerusalem builded here,
Among these dark Satanic Mills?
Bring me my Bow of burning gold;
Bring me my Arrows of desire:
Bring me my Spear: O clouds unfold!
Bring me my Chariot of fire!
I will not cease from Mental Fight,
Nor shall my Sword sleep in my hand:
Till we have built Jerusalem,
In Englands green & pleasant Land

Jerusalem, est suivi par « Where the streets have no name » (Joshua Tree), nous ne sommes pas près de boire! Puis « I will Follow » (Boy). C’est le paradis, à la fin de chaque morceau, démarre l’intro du suivant, toujours que du bon, « I still haven’t found what I’m looking for » (Joshua Tree). En plus le public réagit, forcément positivement. « Stay (so faraway so close) » (Zooropa), a la fin du morceau Bono commence à parler. « Ca y’est » me dit Hub, « il va nous sortir son laïus habituel », et probablement le concert va basculer dans les merdes actuelles. En fait, un astronaute dans l’ISS 100km au dessus de nos têtes nous lance « Hello Galstonbury », c’est probablement enregistré, mais ca le fait… suit Beautifull Day (All that you can’t leave behind), c’est récent mais ça va, c’est loin d’être morceau le plus merdique de la période, nous avons toujours soif!
Ca fait près d’une heure de concert fabuleux, je dirais presque qu’avec soulagement arrive l’heure du break avec « Elevation » (All that you can’t leave behind), on va boire! Morceau suivant « Get on your boots » (No line on the horizon), ca tombe bien c’est un pinte. Uno dos tres « Vertigo » (How to dismantle an atomic bomb), à ce moment là avec Hub, nous nous disons que le concert est bel et bien terminé pour nous, nous sommes fatigués, il pleut, si on allait bouffer un truc quelque part? On est content tout de même, on a vu 50 minutes d’un concert exceptionnel, on ne s’attendait pas à tant! On jette un dernier regard à la pyramide on avance un peut pour voir encore une fois le light show… un riff de batterie « Sunday bloody sunday » (War), la pause est terminée, le concert continue.
« Bad » (Rattle and Hum), « Pride » (Rattle and Hum), puis les rappels. « With or without you » (Joshua Tree), « Yello » de Coldplay qui va passer le lendemain sur la même scène, et pour finir « Momment of surrender » (No line on the horizon).
Bilan des courses 1h30 de concert 20 morceaux dont 16 de bons, un trou de 10 minutes au milieu du concert impeccable pour s’enfiler une pinte. Un putain de concert! Et j’y étais!
A la fin, nous partons des étoiles dans les yeux, en se répétant sans cesse combien c’était génial, mais aussi en parlant de la pyramide des impressions de grandeur que nous avons ressenti. Le genre de souvenir dont on sait qu’on ne l’oubliera jamais, ça n’arrive pas si souvent.
Direction Spirit of 71, à 00h25 Charles Hazlewood All Stars play Mike Oldfield’s Tubular Bells. J’ai le secret espoir que Mike Oldfield pourrait venir, mais si je raisonne je sais que les chances sont nulles. Nous arrivons avant minuit à la G Stage voisine, où Asian Dub Foundation est en train de jouer depuis un peu plus d’une demi-heure. Nous assistons à près de trois quarts d’heure d’un excellent concert, où nous trouvons encore quelques ressources pour nous bouger. Bigou est là dans la foule, mais nous ne le retrouvons qu’après le concert devant la scène Spirit of 71.

0h30, le concert Tubular Bells tarde à démarrer, un des musiciens est semble-t-il scotché dans la boue. Finalement, ça commence vers 1h00 du matin, Bigou trop fatigué pour attendre est parti à la tente avant le début. Hub et moi assistons au concert, en partant il me dit que c’était LE spectacle idéal pour la « redescente ».

Sur scène c’est Arthur Brown, que j’avais vu plus tôt en interview, qui fait les annonces des instruments, à son arrivée il est acclamé. Mais ce qui est très impressionnant avec Glasto, c’est que sur une des plus modestes scènes du festival à 1h00 du matin, devant une poignée de centaines de spectateurs, on a avec Arthur Brown, Will Gregory (l’autre moitié de Golfrapp), et Adrian Utley (guitariste clavier de Portishead) en train de jouer du Mike Oldfield. Vers 1h30, c’est terminé nous remontons les pentes de Pennard’s Hill vers la tente, après avoir assisté à 10 spectacles dans la journée, je suis mort!

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