Samedi soir

  • Post category:journal
  • Auteur/autrice de la publication :
You are currently viewing Samedi soir
Un gragon de lumière au pied de la Ribbon Tower du festival de Glastonbury

Je quitte l’Arena et pars en direction de John Peel, pour assister au concert de DJ Shadow. Lorsque j’arrive à proximité de la grande tente qui abrite la scène, fatigué de cette longue journée, je décide de m’asseoir par terre à l’extérieur. Là j’entendrai tout aussi bien le concert, au repos, et bien installé au soleil. Par ailleurs, il faut bien avouer qu’il n’y a pas grand chose à regarder, puisque DJ Shadow est penché sur ses platines, à contre jour, devant des vidéos abstraites qui accompagnent le son. J’ai donc le son sans l’image, et je profite du moment pour ajouter quelques notes à mon carnet.

D’ailleurs, j’ai envie d’en parler de ce carnet. J’en suis à mon 6eme Glastonbury. Tous, ont fait l’objet d’une « review » comme celle que vous êtes en train de lire, dans les chronique (ou le journal) de ce site. Cependant, j’ai commencé à travailler de mémoire, et comme vous le constatez, parfois je ne trouve pas le temps d’écrire tout ceci tout de suite, voire je le fais avec un retard énorme. Ce qui fait, que certaines années, à part les grandes lignes, la plupart des choses ont disparu de ma mémoire, et certains récits sont incomplets. Les journées à Glastonbury sont tellement remplies de détails, et stimulations diverses, que les souvenirs ne reviennent qu’au hasard, par d’associations d’idées. Mais il n’est pas possible de reconstituer la chronologie des choses, et restituer les événements de mémoire, ne serait-ce qu’une semaine plus tard. C’est la première année, où je suis allé au festival avec ma fille, que j’ai eu l’idée de prendre des notes au fur et à mesure dans un carnet. Le tout, est de penser à le faire régulièrement, au moins une fois par jour, mais au moins rien ne se perd.

Installé dans l’herbe aux abords de la John Peel stage, tout en écoutant la musique, je mettais à jour les notes de la journée. A ce moment, un gars vient me voir, et me demande si par hasard je n’aurais pas du scotch pour réparer son drapeau. Je lui réponds que non. Plus étrange encore, il me demande si je suis comme lui néo-zélandais. Évidemment, je réponds négativement, et que je suis français. La conversation se poursuit un instant sur la thématique rugby. Puis, de nouveau seul, je continue à écrire. Cependant, à peine cinq minutes plus tard, un autre gars se pointe, et me demande à nouveau si je viens de Nouvelle-Zélande! Encore une fois je réponds négativement. Cette fois çi, la conversation se prolonge un petit peu. Le néo-z m’interroge à propos de mon carnet et de mes notes, et surtout me donne l’explication de ces mystérieuses questions répétitives, lorsque le gars me dit: « j’aime beaucoup ta casquette« . En effet, je porte une casquette All-Blacks qui a créé la confusion. Ce que cette anecdote soulève, c’est qu’à Glastonbury le contact est simple, et il est fréquent que des gens viennent spontanément à votre rencontre.

DJ Shadow sur la John Peel stage

Concernant le concert, je trouve que c’est trop expérimental à mon goût, et finalement je pars un quart d’heure avant la fin, lassé de cette démonstration virtuose, mais qui ne parvient pas à séduire mon oreille. Je pars vers Silver Hayes. Je me traine un peu, j’ai mal aux pattes. Je passe par Sonic où j’assiste à un bout du DJ set de Sister Bliss, la fameuse claviériste de Faithless.

Mais je ne m’éternise pas, et poursuis vers l’Other stage où joue Stormzy. Je passe sans m’arrêter, et je file au stand du Tor Rugby Club pour me payer un bol de chili con carne et riz. Ce stand fait partie de mes favoris, et c’est presque un passage obligé chaque année. Je m’installe au pied du Bandstand, et je mange en écoutant un groupe très agréable: Tankus the Hedge.

Tankus the Henge au Bandstand

Une fois mon repas terminé, je pars à the Glade pour Sasha & John Digweed. Lorsque j’arrive, c’est déjà commencé, et il y a beaucoup de monde. Je ne vais donc pas me tasser dans la foule, mais je m’installe sur un banc à proximité. L’avantage à the Glade, c’est que la sono est exceptionnelle, l’espace autour de la scène est complétement ouvert, on entend donc très bien partout. Je me pose là avec un café, et profite du concert qui est réellement génial, je reste là une heure environ. Peu avant 23h00, je retourne à Sonic dans Silver Hayes pour aller jeter un oeil sur Fatboy Slim. Pour l’avoir vu à plusieurs reprises, je sais à quoi m’attendre, mais j’ai envie de bouger un peu.

Sasha and John Digweed à the Glade

Lorsque j’arrive à Sonic, la tente est pleine, il y a même énormément de monde à l’extérieur. Mais la configuration est telle, que l’on parvient toujours à voir la scène. Lorsque Norman Cook arrive, c’est l’émeute. Un public majoritairement assez jeune, type clientèle de boite de nuit, danse, se bouscule, et saute joyeusement. On est très loin de Thurston Moore que j’ai vu cet après-midi, là! Je ne tiens pas plus de 20mn dans cette cohue. Le concept « eat sleep rave repeat » est rigolo cinq minutes, mais après on est dans le plus pur cliché du DJ mains levées. Ce n’est pas un concert, c’est un show de boite de nuit, et j’ai passé l’age pour ces conneries. D’ailleurs, je vois bien que tout le monde se fout de la musique. Les gamins sont là pour remuer un peu leur cul, boire, discuter, éventuellement draguer, mais je pense surtout pour dire en rentrant de Glasto: « j’y étais »! Moi, ici, j’ai mal à mon électro, surtout après avoir entendu Sasha et John Digweed un peu plus tôt. Je quitte donc cette place to be et je pars vers the Park.

En chemin, je passe devant Alt-J qui joue devant un Other stage assez clairsemé, faut dire qu’en face y’a du lourd avec Foo Fighters qui sont en train de jouer sur la Pyramide. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu croiser Alt-J, ça devient indénombrable! J’entends des choses nouvelles de ce groupe, c’est une bonne chose qu’ils soient un peu sorti de ce style très identifiable qui les caractérisait. Mais je reste assez pzu séduit par ce groupe. Je continue mon chemin…

J’arrive devant la scène de the Park vers 23h45. J’assiste à la dernière demi-heure du concert de Warpaint. Ma réaction, face à ce groupe que je connais très mal: ca me fait penser aux voix bulgares sous acide, et je me fais un peu chier, sauf pendant les trois derniers morceaux, que je trouve vraiment bons.

Warpaint à the Park

La mémoire de ma GoPro est pleine, depuis la mi journée je filme un peu avec mon téléphone, mais sa batterie se vide rapidement. C’est problématique, en particulier, pour communiquer avec les gars. J’envoie quelques messages à l’arrache pour donner rendez-vous à qui veut me rejoindre à 3h00 au Rabbit Hole. The Egg, qui m’ont complètement conquis vont rejouer là.

Warpaint sur the Park stage

Laurent me rejoint à 1h00 au pied de la Ribbon Tower. Nous allons du côté du Piano Bar voir s’il y a moyen d’y entrer. Mais, le lieu le plus secret de Glasto, n’est plus du tout secret, et il y a une queue kilométrique à l’entrée. Inutile de perdre notre temps. Nous poussons donc jusqu’à Strummerville où nous passons un moment près du feu. On se pose un moment sur un banc. Et, par hasard, Sylvain passe justement devant nous. A trois, désormais, nous décidons de descendre vers le Tipi Field. Il ne faut pas confondre le Tipi Field, qui est un espace en libre accès, avec le Tipi Village voisin, mais qui n’est autre que le camping de installé par l’organisation, et réservé aux festivaliers qui ont de payer un tipi £1075 (1195€) pour la durée du festival. Là dans le Tipi Field, une énorme buche, presque un tronc, a été mis à bruler, et nous nous réchauffons là encore un moment. Un des gars qui était monté sur scène avec Nick Turner dans l’après midi, se réjouit ouvertement du Brexit. Ce qui m’étonne, c’est que le gars est un traveller, et qu’il finit par brandir un drapeau anglais (pas britannique, anglais!), et explique que l’année précédente, pour fêter la victoire du « oui » au Brexit, il avait, au même endroit, sur une buche analogue chanté « Rule Britannia » en tenant le même drapeau. Je trouve la situation tout aussi surprenante que si j’avais vu un alter mondialiste chanter le « Chant du Départ » en agitant un drapeau français.

Nous quittons le feu de bois, direction the Park et Rabbit Hole. Je vais m’acheter une barquette de frites, et cette fois çi ma casquette ne plait pas au patron de la braque à frites. Lui est bien anglais, et n’apprécie visiblement pas les All Blacks. Juste après la tirade sur le Brexit, voila que je me confronte à nouveau au chauvinisme anglais.

Il est enfin 3h00, l’heure du concert de the Egg à Rabbit Hole. La tente est pleine à craquer, il y a beaucoup de monde. En quelques minutes Laurent abandonne les lieux et disparait. Sylvain reste un moment, mais nous avons du mal avec tout ce monde qui circule un peu dans tous les sens dans un lieu aussi exigu. Je demande à Sylvain, dont je vois bien qu’il est en train de craquer, s’il veut sortir. La réponse est évidemment « oui ». Nous sortons donc, après 15mn environ de concert. C’est rageant d’avoir attendu si longtemps pour si peu, mais il est vrai que c’était insupportable. Dommage!

Une fois dehors, nous ne retrouvons pas Laurent qui a disparu. En fait il a envoyé un SMS à Sylvain. Il indique qu’il est parti vers le Sacred Space pour attendre le lever de Soleil. Le Soleil à cette époque se lève à 5h00, il reste donc moins de deux heures à attendre… Nous le rejoignons là bas. On discute un moment, mais moi je croule de fatigue, je rentre donc à la tente où j’arrive à 4h10. Les premières lueurs de l’aube commencent à apparaitre, mais je n’attends pas le Soleil. Il reste encore une logue journée, alors, dodo!