Pour changer un peu de sujet, et oublier un temps les histoires de line-up, voyons un aspect plus général de Glastonbury. On dit et on répète que c’est grand. Très grand même! Mais ce qui est assez étonnant, c’est que, qui n’a jamais mis les pieds dans ce festival, ne réalise pas ce que cela signifie « grand » dans ce cas. C’est marrant, mais en général les gens font sans doute référence à leurs propres expériences de ce qui peut s’approcher d’un grand festival, et éventuellement se disent « OK c’est plus grand ». Mais quand on approfondit lors d’une conversation, ils sont en général en dessous de la réalité. A quelqu’un qui voudrait se figurer la chose correctement, j’aurais tendance à dire que c’est au moins deux fois plus vaste que ce qu’il imagine lorsqu’il pense à un gros festival. Je suis persuadé qu’il est en fait très complexe de faire passer cette info correctement, mais comme j’aime les enjeux, je veux quand même essayer. Pour ça je vais utiliser trois méthodes.
Méthode 1: Comparaison avec un autre festival.
Ce qui se fait de plus gros, en France de nos jours, c’est probablement les vieilles charrues, ou le Hellfest qui ont des nombre d’entrées payantes quotidiennes similaires (environ 55 000). Je pense que dans les ordres de grandeur c’est similaire aussi à tout autre grand festival français, je pense par exemple aussi à Solidays ou aux Eurockéennes. J’ai choisi la comparaison avec le HellFest. D’une part parce que j’en ai trouvé la carte sur Google Maps, et d’autre part parce que ça me parle. Je ne suis pas métalleux pour deux sous, mais j’ai toujours dit qu’il ne fallait surtout pas être sectaire. Tout ce que j’en vois, et tout ce qu’on m’en a dit, les espaces thématisés, ça me fait penser un peu à Glastonbury. Et finalement ça me donne assez envie cette affaire… Voici ci dessous la comparaison à la même échelle des deux sites Glastonbury et HellFest. Il est important de noter que dans le cas de Glastonbury une grande partie de la surface est occupée par des campings, j’ai donc, par équité, aussi matérialisé ceux du HellFest. A Glastonbury, cependant les scènes sont dispatchées un peu partout au milieu des campings. J’en ai matérialisé seulement une toute petite partie (il y en avait exactement 89 listées dans la programmation 2019). En revanche dans le cas du HellFest j’ai matérialisé toutes les scènes qui sont localisées dans un espace bien distinct des campings.
En fait, l’Arena, l’espace se trouvant devant la Pyramide, est à peine plus petite que l’ensemble du HellFest si on exclue les campings. Plus précisément, la grande scène de Glastonbury est à peu près aussi grande que l’espace principal contenant les deux Main Stages, Altar, Temple et Valley au HellFest. Et c’est assez logique, si l’on considère qu’il rentre 80 000 personnes dans l’Arena, à comparer avec les 50 000 du HellFest.
Méthode 2: Comparaison avec un lieu connu.
Il existe un site sur lequel on peut superposer la surface du festival de Glastonbury à n’importe quelle carte du Monde. Ce site s’appelle Glastonbury Festival Map Overlay. Vous pouvez donc faire l’expérience vous même, en disposant la carte où bon vous semble. A titre d’exemple, je l’ai posée au centre de la capitale française.
Si vous connaissez Paris, imaginons une journée type. Votre tente est plantée dans Big Ground aux environs de Notre-Dame. C’est le matin, vous vous réveillez face à la Pyramide qui trône sur l’ile de la Cité à la place du Palais de Justice. Le premier concert de la journée a lieu sur l’Other Stage à Odéon. Ensuite, pourquoi ne pas monter vers The Park dans les jardins du Luxembourg? Puis manger vers West Holts dans les petites rues du quartier Latin. En début d’après-midi, une petite promenade dans le quartier du Panthéon où se trouvent les Green Fields. Mais voila qu’on annonce un concert surprise à John Peel, il faut foncer au Louvre. Après, retour sur l’ile de la cité pour un gros concert à la Pyramide. En début de soirée, on repasse par la tente à Notre-Dame prendre des vêtements pour la nuit. On part voir un groupe old school, programmé à l’Acoustic Stage à Chatelet. Mais vers 21h00 il faudra foncer à The Park, place de l’Odéon pour ne pas louper l’évènement de la soirée. Pour débuter la nuit, pourquoi pas chiller en regardant un film à Cinéramageddon vers St Sulpice. Et puis, la soirée se poursuit inévitablement dans la zone Sud-Est derrière le Panthéon, vers la contrescarpe. Si on traîne un peu sur place, les premières lueurs de l’aube vont apparaitre. On peut aller voir le Soleil se lever dans le cercle de pierres du Sacred Space, rue Gay Lussac. Ensuite, il faudra redescendre vers Notre-Dame pour dormir un peu, avant de commencer une nouvelle journée.
Méthode 3: Les distances.
Cette année le Sun avait pondu un article expliquant que chaque festivalier marchait en moyenne 30 miles et prenait 143 photos pendant le festival. Apparemment, les téléphones n’ont pas fini de moucharder. Quoi qu’il en soit, la moyenne des festivaliers fait donc 48km en 5 jours. Mais je pense que les plus motivés font davantage. Dans le thread How far did you walk? du forum eFestivals, on a d’autres estimations. En miles, ces témoignages varient de 35 à 106 miles, avec une médiane (c’est plus parlant que la moyenne) à 70 miles. Donc, la moitié de ces témoins ont parcouru plus de 112km. Je pense que la moyenne donnée par le Sun est un peu minorée par nombre de gens qui ne restent pas les 5 jours, et quelques festivaliers un peu casaniers qui restent toujours dans la même zone, en général pas loin de la Pyramide. A l’inverse les témoins du forum, s’ils ont mesuré leurs déplacements savaient pour la plupart qu’ils sont de gros marcheurs. Mais la réalité pour un festivalier standard doit se trouver quelque part entre ces deux chiffres. C’est à dire qu’à Glastonbury on marche environ 15km par jour.
Un des témoins du forum cité plus haut donne ses traces GPS. En les sélectionnant jour par jour, on constate qu’il ne fait pas d’allers retours incohérents. Et pourtant, il cumule un total de 79km pour les 5 jours.
Un autre moyen, pour se figurer la taille du festival, c’est ce diagramme des temps de déplacement qui a été établi par un festivalier. D’aucuns indiquent que ces temps sont relativement élevés, et qu’il est possible de faire plus rapide. Cependant, ils sont bien réalistes en fin de journée, ou après trois jours de festival, ou dans la boue.
On remarque que la durée de déplacement la plus longue, est de 45mn entre John Peel et le Stone Circle. Après vérification sur une carte, la distance à parcourir est de 2,2km, ce qui devrait donner plutôt 27mn, mais ça monte sévèrement. Donc en se pressant on mettra au minimum 35mn. Dans la boue, avec du monde, et fatigué il faudra bien 45mn.
Photo: Nicholas Kaye