La mort inattendue de David Bowie met subitement fin aux espoirs de le voir revenir sur scène, et plus particulièrement sur une scène mythique de ses débuts: la Pyramide de Glastonbury.
La triste nouvelle est tombée ce matin, David Bowie est mort. Il est rare que je me plie à l’exercice de la nécrologie sur ce site, mais ce décès fait exception. J’aurais en effet pu évoquer Lemmy Kilmister, à l’affiche de Glasto l’année dernière, et qui est décédé la semaine dernière, ou BB King mort en mai dernier, le grand bluesman avait fait une apparition remarquée en 2011. Sans doute ai-je oublié bien d’autres artistes qui sont passés par Glastonbury et disparus récemment. Alors, pourquoi faire cette exception pour Bowie?
Tout simplement parce que j’évoquais encore son nom dans le post publié juste hier (cf. Bookmakers), et où j’indiquais qu’il était crédité d’une grosse côte, indiquant que la probabilité de le voir tenir une tête d’affiche était faible, mais pas totalement inexistante. J’expliquais la chose en précisant qu’une crise cardiaque, suivie de soins médicaux importants l’avaient définitivement éloignés de la scène. Il parait évident, que c’est sur indication médicale, qu’il lui a proscrit de se produire à nouveau en concert. Cependant, nombreux étaient ceux qui depuis des années, espéraient que David Bowie ferait juste une exception à cette contrainte, pour revenir encore sur la Pyramide. La sortie la semaine dernière de son dernier album, donnait un espoir supplémentaire à la chose.
Par ailleurs, les liens entre David Bowie et le festival de Glastonbury, sans être étroits étaient plutôt historiques, voire mythiques. Il avait été programmé en 1971 pour la première fois à l’occasion de la Glastonbury Fayre (cf. Histoire – Chapitre 5 – Glastonbury Fayre). A l’époque, il était relativement inconnu, et était programmé après une longue série d’artistes. A cause de l’organisation très approximative, relativement courante dans les festivals de cette époque, les shows précédents avaient successivement pris du retard, et Bowie s’était vu relégué à passer en fin de nuit, et même au petit matin. Il existe quelques témoignages de l’évènement. Le plus connu est celui de Julien Temple:
Ouais, il est génial, David Bowie. Le saint Graal aurait été d’avoir une caméra pour la première fois, parce que j’ai vu ça. Quand il a joué en 71 c’était très tôt le matin. J’étais en train de dormir et ce grand type m’a secoué, en disant, « debout, tu dois voir ce mec », et dans tout le festival, qui était bien plus petit à l’époque, les gens se réveillaient les uns les autres en disant « tu dois voir ce mec ». C’est donc le moment où tout le monde a découvert qui était réellement David Bowie. Il avait sorti Space Oddity quelques années avant, un hit étrange, d’un type nouveau, mais ce n’était pas du tout une star. Et il était là en robe, les cheveux longs, et juste une guitare, le soleil se levait… c’était magique.
Ensuite, Bowie n’est revenu à Glastonbury qu’en 2000. La petite histoire dit qu’il a revêtu ce jour là une réplique à l’identique de la veste qu’il portait en 1971. C’était le signe que d’une part il n’avait pas oublié, et qu’il devait se sentir en partie redevable au festival d’avoir contribué à démarrer la carrière et construire le mythe. Une légende qui, en dépit des espoirs du public, est désormais définitivement révolue.
Depuis que je rédige ces chroniques, cela fait six ans maintenant, j’ai suivi ces rumeurs concernant David Bowie à Glastonbury. Autant j’avais bien conscience qu’une réapparition du chanteur était très improbable en raison de ce problème cardiaque que j’ai évoqué plus haut. Mais pour autant que ma vigilance ait été suffisante, jamais il n’a été fait mention de ce cancer qui l’a emporté. La nouvelle est donc d’autant plus surprenante, et je pense ne pas avoir été le seul a avoir été surpris par la nouvelle de sa mort. J’en veux pour preuve les paris qui se portaient sur lui encore hier. Le secret de cette maladie a donc été parfaitement gardé, C’est assez ironique, mais je constate que David Bowie, aura toujours su surprendre le public, et ce jusqu’au dernier moment de sa vie.
Photo: Gabi Nasemann